Vaccination Covid des femmes enceintes : un retard au démarrage, rattrapé 6 mois après

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Publié le 10/04/2025
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Ce décalage temporel dans la couverture vaccinale entre les femmes enceintes et la population générale mérite d’être analysé pour élaborer une stratégie ciblée sur cette population à risque, jugent les auteurs d’une étude d’Epi-Phare.

Crédit photo : PHANIE

Les femmes enceintes françaises ont été « moins bien vaccinées que la population générale pendant les périodes cruciales de la pandémie, mais elles ont fini par atteindre des taux de vaccination similaires », relève une étude d’Epi-Phare (Caisse nationale d’assurance maladie et Agence nationale de sécurité du médicament).

Menée à partir des données du registre Epi-Mères sur 1 203 454 femmes ayant accouché entre avril 2021 et décembre 2022, cette analyse, publiée dans Vaccine, décortique le recours à la vaccination contre le Covid dans cette population.

« Dans l’ensemble, 52 % des femmes enceintes ont reçu au moins une dose de vaccin, dont 62,1 % avant la conception et 8,2 %, 20,9 % et 8,8 % au cours des 1er, 2e et 3e trimestres, respectivement », est-il détaillé. Plus faible au démarrage de la campagne, la couverture des femmes enceintes a finalement rattrapé celle de la population générale en juin 2022.

Un clivage selon la situation socioprofessionnelle et le suivi de grossesse

Plusieurs facteurs ont eu une influence négative sur le recours à la vaccination : âge plus jeune, lieu de résidence dans une commune socialement défavorisée ou le fait d’être défavorisée, suivi de grossesse « moins conforme aux recommandations » et absence de comorbidité. Ces résultats soulignent en creux les bénéfices d’un accès aux soins prénataux et d’un suivi de grossesse conformes aux recommandations.

Des taux « nettement inférieurs » sont par ailleurs observés dans les départements d'outre-mer. Les femmes non vaccinées étaient plus susceptibles d’en être à leur troisième grossesse (aOR = 1,21), de passer moins d’échographies (aOR = 0,71) et de prendre moins souvent de l’acide folique (aOR = 0,73).

Ces résultats soulignent « la nécessité de stratégies de santé publique ciblées pour encourager la vaccination des femmes enceintes », estiment les auteurs. Il est, selon eux, « crucial de comprendre les raisons sous-jacentes de cette hésitation ou de ce retard, qui peuvent aller des inquiétudes concernant la sécurité des vaccins pendant la grossesse à un manque de communication claire concernant les bénéfices et les risques de la vaccination dans ce groupe, ou à un accès limité à un professionnel de santé autorisé à administrer les vaccins ».


Source : lequotidiendumedecin.fr