L’arthrose digitale est une pathologie fréquente et hétérogène en termes de facteurs de risque, localisation, sévérité ou encore présentation clinique.
« Selon les recommandations de l’EULAR, le premier objectif thérapeutique est l’amélioration des symptômes. Cependant, la grande hétérogénéité des symptômes n’a été que très peu étudiée. L’objectif de notre étude (1) était de déterminer par une approche intégrative, les phénotypes cliniques d’arthrose digitale à partir des quatre symptômes cardinaux dont se plaignent les patients : douleur, gêne fonctionnelle, raideur et gêne esthétique », explique la Dr Marie Binvignat (hôpital Saint Antoine, AP-HP, Paris).
La cohorte observationnelle DIGICOD, mise en place à l’hôpital Saint Antoine par les Pr Francis Berenbaum et Jérémie Sellam, a inclus 389 patients de plus de 35 ans présentant une arthrose digitale radiographique établie (excluant les cas de rhumatisme inflammatoire ou microcristallin). « Notre étude s’est intéressée aux mesures quantitatives des symptômes. Une analyse en clustering hiérarchique a été faite à partir des scores AUSCAN (0-100) douleur, fonction, raideur et de l’échelle visuelle analogique (EVA) de la gêne esthétique (0-100 mm) », précise la Dr Marie Binvignat.
Les résultats des évaluations ont mis en évidence cinq groupes de patients en fonction de leurs symptômes. Le cluster 1 (n = 88) comprend des sujets pauci-symptomatiques, le second (n = 91), des patients aux symptômes modérés avec prédominance d’une gêne fonctionnelle, le troisième (n = 80) des patients ayant une gêne esthétique isolée et le quatrième (n = 42), des cas pluri-symptomatiques avec un score élevé pour la raideur, la gêne fonctionnelle et la douleur (AUSCAN douleur moyen ≥ 40 mm). Enfin, le cinquième cluster (n = 88) correspond aux patients pluri-symptomatiques (identiques au quatrième) avec également une intensité élevée de gêne esthétique (EVA esthétique moyenne 73,66 mm).
Une amélioration fonctionnelle attendue
« En comparant ces clusters, il apparaît finalement que seul un tiers des patients présente une douleur au-delà du seuil de 40 sur 100 mm alors que le score moyen de douleur de l’ensemble de la cohorte est de 25 », souligne la Dr Marie Binvignat. Autres points importants, la gêne esthétique (clusters trois et cinq) est associée à un nombre plus élevé de nodosités et à une arthrose digitale érosive. Les clusters très symptomatiques ont tendance à être associés à un nombre plus important de syndromes métaboliques (45,4 % dans le cluster cinq versus 26,1 % dans le cluster un). Par ailleurs, il existe une association entre l’intensité des symptômes et la destruction radiographique, mais aussi avec le retentissement physique (mesuré par la force de préhension) et psychologique (dépression et anxiété).
Enfin, l’attente principale des patients envers leur traitement dans les cinq clusters est l’amélioration fonctionnelle (à l’exception de la douleur dans le cluster cinq). Ainsi, cette étude illustre l’importance de proposer une prise en charge thérapeutique personnalisée basée sur les symptômes.
« Il faut porter attention à l’ensemble des symptômes dans l’arthrose digitale et ne pas se limiter à la douleur seule dans notre pratique. Je pense qu’il serait intéressant de proposer des suivis adaptés aux différents profils de patients », conclut la Dr Marie Binvignat.
(1) Binvignat M. et al. Abst 000166
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