Covid-19, les leçons à mi-parcours : « La mondialisation a dynamisé le virus »

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Publié le 17/04/2020

Que faudra-t-il retenir de la crise que nous traversons ? La question a été posée par Le Généraliste à dix experts (médecin, économiste, sociologue…). Voici la réponse de Lucie Guimier, géographe et analyste en géopolitique.

« Cette pandémie fait prendre conscience d’une manière crue que les questions de santé publique dépendent des contextes géopolitiques. En quelques semaines, le virus s’est diffusé dans le monde à la faveur des déplacements humains, surtout commerciaux et touristiques. Les phénomènes de contagion à l’échelle globale suivent l’histoire des flux commerciaux, comme l’ont illustré les pandémies de peste à partir du XIVe siècle et de choléra au XIXe siècle. Ce que le contexte actuel de mondialisation a opéré, c’est une accélération de la diffusion du virus qui, en d’autres temps, se serait propagé de manière moins rapide.

Dépendance industrielle La mondialisation est aussi au cœur des débats pour des raisons qui touchent à notre dépendance à l’égard de la Chine. L’arrêt de certaines chaînes de production menace l’approvisionnement en matières premières : automobile, aéronautique, composants électroniques, mais aussi industrie pharmaceutique. La crise sanitaire nous rappelle que 60 à 80 % des principes actifs des médicaments sont produits en Chine et en Inde. »

Au niveau décisionnel, la gestion de crise spécifique à chaque État accentue les particularismes des régimes, du fait de représentations et d’idéologies contrastées. Cela fragilise le multilatéralisme ; or l’absence d’harmonisation des mesures peut entraver l’endiguement de la pandémie. Si l’OMS a fait ce qu’elle a pu depuis le début de la crise, l’Union européenne s’est montrée impuissante.

Le débordement des systèmes de santé de pays développés pose aussi la question de la coopération à l’égard d’États aux systèmes défaillants. Quand on ne parvient pas à faire face à la situation dans son pays, comment aider les États en difficulté ? »


Source : lequotidiendumedecin.fr