Que faudra-t-il retenir de la crise que nous traversons ? La question a été posée par Le Généraliste à dix experts (médecin, économiste, sociologue…). Voici la réponse du Dr Isabelle Grémy, directrice de l’Observatoire régional de santé d’Île-de-France.« Nous n’étions pas préparés à affronter cette crise sanitaire. Des tas d’épidémies se sont pourtant déroulées ces dernières années avec le SRAS, le MERS-CoV, Ebola, le Zika, le chikungunya… mais nous n’avons pas suffisamment mesuré qu’une pandémie d’une telle ampleur pouvait survenir. De l’épidémie H1N1, les Français avaient conclu que l’on avait surréagi. Cela a conduit les gouvernements successifs à réduire notamment les stocks de masques. Au final, on a dû gérer la pénurie en permanence : pénurie de masques mais aussi de gel hydroalcoolique, de tests… Nous devrons tous tirer les enseignements de cette catastrophe sanitaire afin que dans une pandémie future, tout le monde dispose du matériel de protection adapté.
Capacité d’adaptation Malgré cette impréparation, le système de santé français a fait preuve d’une extraordinaire réactivité. Il a démontré sa capacité d’adaptation : en ouvrant davantage de lits en réanimation, en mobilisant du personnel, en organisant des transferts de malades. De nombreuses organisations ont été mises en place au niveau local. En Île-de-France, par exemple, l’ARS, avec l’aide du Conseil régional, a établi un système d’équipes mobiles pour réaliser des tests dans des centres d’hébergement de demandeurs d’asile et de migrants. Des centres Covid se sont montés de toutes pièces avec des professionnels de santé libéraux très impliqués. Des solutions informatiques ont été déployées comme Covidom, lancée par l’AP-HP, pour le suivi à domicile des patients infectés.
Inventaire À l’issue de cet épisode, il nous faudra faire l’inventaire de toutes ces initiatives. Nous devrons évaluer ce qui a bien fonctionné ou non et déterminer ce qui pourrait être amélioré, pour ne pas perdre la trace historique de ces différents dispositifs et être prêts à reproduire ces organisations en cas de nouvelle épidémie. L’enjeu est d’anticiper pour avoir le moins possible à improviser. Ce n’est pas parce qu’il n’y a pas d’épidémie pendant trois ou quatre ans que celle-ci n’arrivera pas. La préparation d’une crise doit se faire en temps de paix sanitaire. »
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