Que faudra-t-il retenir de la crise que nous traversons ? La question a été posée par Le Généraliste à dix experts (médecin, économiste, sociologue…). Voici la réponse de Jérôme Wittwer, président du Collège des économistes de la santé.« Cette épidémie aura eu un point positif : elle a démontré la capacité de réaction du système de santé avec un doublement voire un triplement de la capacité d’accueil en soins intensifs, en réanimation. Avec le recul, la crise mettra peut-être en évidence la difficulté de suivre les malades chroniques pendant cette période.
Sur l’après-crise, l’élément principal est le retour du risque infectieux, qui constitue un cataclysme, puisqu’il avait quasiment disparu. Nous avions achevé notre transition épidémiologique depuis longtemps et étions dans l’adaptation du système de soins au vieillissement de la population. C’était le leitmotiv de notre système de soins. Nous avons trop baissé la garde. Il va falloir investir sur des systèmes de surveillance et d’urgence en termes de stockage de médicaments, de masques, de tous les produits de première nécessité en cas de crise infectieuse majeure. Je pense que tout le monde est conscient de cette nécessité, même si cet investissement n’est jamais utilisé.
Sur l’hôpital, au regard de l’engagement total des personnels hospitaliers, bien entendu il y aura un investissement assez important. Malgré tout, les budgets ne sont pas extensibles. Nous étions à peu près à 12 % de notre PIB consacré à la santé avant la crise. Je ne suis pas sûr que le consensus collectif soit suffisant pour avoir demain une modification très sensible du budget à moyen terme.
Solidarité Il y a une question aussi sur les moyens de production avant la crise. La densité industrielle de l’Allemagne fait qu’elle a des capacités de production plus adaptables qu’en France. Mais ce serait à l’Europe d’organiser la production de biens de nécessité en temps de crise. Et de prévoir, surtout, une solidarité en organisant ces situations, en permettant une production suffisante au niveau européen et non pas pays par pays. L’Europe fait trop peu aujourd’hui. Et si elle n’est pas capable de prévenir ce type de crise, elle n’a pas vraiment de sens. »
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