Remplaçant ou remplacé : vos histoires

La radio sans les images

Publié le 31/08/2013

Au début des années 1980 et loin d’ici, à Casablanca, au Maroc, j’ai remplacé un confrère dans des conditions qui n’ont pas grand-chose à voir avec celles que j’ai pour travailler aujourd’hui.

C’était dans un quartier populaire, à forte endémie tuberculeuse. Le cabinet était mal équipé, un lit d’examen en métal, trois armoires avec pas grand-chose dedans et un appareil de radioscopie qui datait d'au moins les années 1950.

Ce matériel antique devait servir à « regarder au travers du patient » pour vérifier l’absence d’atteinte pulmonaire sans pour autant qu’une image soit imprimée sur un film.

Le médecin m’explique ensuite le fonctionnement de cette machine : des manettes et des poignées à actionner quand le patient est derrière la plaque.

Il aborde ensuite un détail tout à fait accessoire pour lui. En fait, cette machine ne fonctionne plus depuis bien longtemps, aucune image n’est visualisable. Mais les poignées et manettes sont encore actives.

C’est grâce à cet appareil que mon confrère faisait du dépistage de la tuberculose dans son quartier, qui restait malgré son investissement quotidien l’un des plus atteints de la ville.

Je n’ai pas accepté de participer à cette mascarade. J’ai juste fait de mon mieux avec le matériel fonctionnel dont je disposais.

> Dr M. M.

Source : lequotidiendumedecin.fr