Remplaçant ou remplacé : vos histoires

Un salaire ? Et puis quoi encore...

Publié le 26/07/2013
temoignage4

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Voilà qu'à mes débuts professionnels, par l'intermédiaire du conseil de l'Ordre j'ai pu recueillir les coordonnées de deux confrères afin de les remplacer tout un week-end de garde. C'était du côté de Milly-la-Forêt pour l'un d'eux et Bazoches-les-Gallerandes pour le second !

drnemeth.jpgDans le premier cas, j'étais logée comme une reine dans la maison bourgeoise du médecin. Sa fille avait un poster dans sa chambre : une méga affiche des récentes élections municipales où son père avait dû faire un bon score.
Un mois plus tard, ne voyant toujours pas d'émoluments me parvenir, je me suis permise de lui demander s'il comptait me régler un jour… Il a eu le toupet de me demander qui devait de l'agent à qui.... Travailler et payer pour cela ! Finalement, il devait estimer que j'avais eu le privilège de le remplacer et voilà tout !

Pour mon second remplacement, je suis arrivée un peu en retard ayant eu une panne de réveil... me suis fait accueillir très vertement par une femme acerbe... puis j'ai cherché un sofa ou un coin où m'allonger... Le seul endroit possible était son divan d'examen. Bon , j'ai donc du m'en contenter. Il n'y avait rien à manger et pas non plus de commerce me semble-t-il... Mon Dieu quel accueil confraternel !

Dans la nuit, entre une chauve-souris... De trouille, je quitte le cabinet et me réfugie dans la salle d'attente, puis une deuxième chauve-souris pénètre à son tour... Le matin, je suis assise dans l'entrée attendant le retour de ma consœur. Une chauve-souris dans chaque pièce !

Une fille acariâtre qui refusait de me payer

J'ai également remplacé un médecin correct logé dans une cité d'Alfortville ou de Maison-Alfort. Là, j'ai pu être bien accueillie par des pauvres plutôt gentils. Je me souviens particulièrement d'un patient médecin très calme, marié à une petite femme presque handicapée physiquement, avec de très gros verres sur ses yeux, un appartement très sale et un petit garçon adorable au milieu. Je me souviens du verre de coca, avec même un cheveu dedans… que je n'ai pas osé refuser et que je n'ai encore pas tout à fait digéré actuellement... 23 ans plus tard.

Et puis la dame que j'ai eu du mal à examiner, allongée dans un lit de pisse, avec une fille acariâtre qui refusait de me payer, et le chien qui manqua de me mordre. Et puis les gens qui m'avait sonnée pour l'angine de leur enfant et qui, me voyant entrer les cheveux trempés de pluie, s'inquiétaient particulièrement de toute l'eau qui risquait d'éclabousser leur parquet !

Bref, vous l'aurez sans doute deviné, je n'ai pas poursuivi longtemps l'aventure, d'autant plus que passées deux années de remplacement, il fallait travailler beaucoup pour éviter de perdre de l'argent et... la réglementation n'ayant pas changée, j'ai attendu... 20 ans que la place se libère pour moi ; qu'un BabyBoomer soit assez fatigué de son commerce pour cesser son activité et me cède sa patientèle que je n'ai cessée de faire prospérer depuis 3 ans ! 

> Dr FLORENCE NEMETH

Source : lequotidiendumedecin.fr