Remplaçant ou remplacé : vos histoires

Une histoire de slip

Publié le 31/08/2013

1986. PéronneJe remplaçais depuis quelques années dans cette région, avec une patientèle variée allant de la bourgeoisie citadine, aux habitants de villages-hameaux sans nom de rue.

La secrétaire qui prenait les appels m'informe que M. X demande une visite, qu'en général c'est pour une surinfection de BPCO, et que mon confrère y fait souvent la première injection lors du diagnostic.

Il s'agissait plus d'un baraquement en bois, d'aspect peu solide, que d'une maison classique. J'y pénètre et foule un sol de suie terre non stabilisée… mais découvre dans la pièce unique une énorme TV cathodique pour l'époque (70 cm au moins), un téléphone « sans fil » (rare aussi à l'époque) et d'autres objets de consommation assez chers, malgré un cadre sale et peu ragoûtant…

Examen fait, j'ose un bord de table et de chaise pour commencer la rédaction de l'ordonnance, lorsque le couple me dit qu'ils n'ont pas d'assurance maladie et qu'il faut faire au moins cher.

Dont acte, je sors mon « Vidal » et compare pour prescrire au moindre coût.

L'épouse m'annonce alors :

- D'habitude quand il est comme cela, le Dr lui fait une piqûre !

- Oui je sais, c'est prévu, que Monsieur dégage son bras (Salbutamol SC).

- Ah bon, d'habitude, c'est dans la fesse.

- Oui, on peut aussi faire dans la fesse, mais là ce sera en sous-cutané dans le bras, tout aussi efficace.

- Oui ? Mais d'habitude c'est dans la fesse, insiste-t-elle.

- Certes mais ce sera le bras cette fois !

Le mari, stoppé dans son élan, resserrant sa ceinture, lui déclare alors sur un ton de reproche et colère :

- Tu vois, t'es allée acheter un slip neuf pour rien !!

Et l'histoire continue…

Rappelé 2 ou 3 semaines plus tard pour une récidive, je prépare cette fois un corticoïde en IM, pour ne pas les décevoir… et quelle ne fut pas ma surprise de découvrir sous le pantalon… 2 slips, dont le neuf… on ne sait jamais, faut pas gâcher si ce remplaçant refait une piqûre dans le bras !

Dr R. S.


Source : lequotidiendumedecin.fr