LE MARCHÉ des cosmétiques se porte bien. Les dernières années ont assisté à l’explosion de la vente de produits cosmétiques sur internet et à la floraison de produits « bio ». On trouve dans tous les médias des recettes de fabrication dites « naturelles ». Et, pour bon nombre de consommateurs, qui dit naturel sous-entend non dangereux. Pas si simple ! Les produits cosmétiques sont sous la réglementation d’une directive européenne qui est actuellement en train d’être abandonnée pour le règlement européen applicable à partir de juillet 2013 mais qui est déjà en vigueur. Il faut se rappeler que s’« il n’existe pas d’autorisation préalable de mise sur le marché pour les produits cosmétiques, il incombe aux fabricants de garantir que leurs produits satisfont aux exigences législatives, réglementaires et ne présentant aucun danger pour la santé » (Agence nationale de sécurité du médicament-ANSM). C’est pourquoi leur sécurité est appréciée avec minutie avant leur mise sur le marché par des analyses chimiques, physico-chimiques complètes, par la description des impuretés potentielles, la caractérisation du danger et l’évaluation du risque par diverses études toxicologiques… Cette évaluation concerne à la fois les substances et le produit fini. Après mise sur le marché, les études ne concerneront que le produit fini.
Expérimentation.
La Dr Catherine Pecquet rappelait lors du congrès quelques points importants du règlement européen, à savoir : l’interdiction de mise sur le marché de cosmétiques dont la formulation finale a fait l’objet d’une expérimentation animale pour son évaluation de sécurité ; l’interdiction d’expérimentation animale pour les produits cosmétiques finis ; enfin, l’expérimentation animale sur les ingrédients est autorisée jusqu’au 11 mars 2013 en l’absence de méthodes alternatives et uniquement pour des données toxicologiques. Le fabricant ou le responsable de la mise sur le marché doit s’assurer de la sécurité de son produit et constituer un dossier technique à tenir à disposition des autorités de contrôle à l’adresse indiquée sur l’étiquetage. Le produit fini doit être contrôlé par le fabricant et faire l’objet de spécifications.
« Il est essentiel de déclarer les effets indésirables », insistait le Dr Pecquet. Et de rappeler quelques exemples de retrait du marché survenus ces dernières années. Ainsi en 2004, les cosmétiques contenant de la vitamine K1 ont été retirés du marché grâce à la signalisation de 12 cas d’effets indésirables dont 6 graves. En mai 2012, l’ANSM recommandait la non-utilisation du phénoxyéthanol dans les produits destinés au siège des bébés. En juin 2012, des produits capillaires contenant de la chloroacétamide utilisée comme conservateur dans de nombreux shampoings ont subi le même sort. Et la liste est longue.
« On peut se réjouir, concluait Catherine Pecquet, qu’il existe une amélioration globale de la sécurité concernant les cosmétiques. Mais des questions restent posées : que va-t-il en être avec l’interdiction de l’expérimentation animale ? Comment va être évaluée avec rigueur la sécurité des nouveaux cosmétiques, notamment les cosmétiques textiles ? ».
D’après la communication du Dr Catherine Pecquet (service de dermatologie vénérologie, hôpital Tenon, Paris)
Agence nationale de sécurité du médicament, www.ansm.sante.fr
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