LA PATHOGÉNIE exacte du psoriasis demande encore à être complètement élucidée, mais on sait déjà qu’elle dépend de facteurs environnementaux et génétiques qui entraînent une dysrégulation des réponses immunologiques cutanées adaptatives (1). Ceci amène au développement de plusieurs molécules biologiques (anticorps monoclonaux) ou de plus petites molécules qui vont diffuser dans les cellules du système immunitaire de la peau pour tenter de contrôler la réaction inflammatoire du psoriasis.
IL-17.
Concernant l’interleukine 17, un certain nombre d’études montre qu’elle intervient dans la pathogénèse du psoriasis (2). La connaissance de cet aspect de la pathogénie du psoriasis explique le développement des anticorps monoclonaux anti-IL-17, comme le secukinumab et l’ixekizumab, ainsi que le brodalumab qui cible, lui, le récepteur pour cette même IL-17. Ces molécules entrent actuellement dans des études de phase III, les études de phase II ayant montré leur efficacité dans le psoriasis en plaques (3, 4, 5). On peut se poser la question du risque infectieux encouru par l’inhibition de l’IL-17, sachant que les souris déficientes IL-17 présentent une forte susceptibilité aux infections à C. albicans et aux Klebsielles et celle des effets sur l’immunogénécité en général. Par ailleurs, l’implication de l’IL-17 dans l’évolutivité de la plaque athéromateuse incite à attendre les données de suivi à long terme des patients traités pour juger d’un éventuel risque cardio-vasculaire associé à ces molécules pour certains patients. Selon les études fondamentales, l’IL-17 a un effet pro- ou anti- athérogène ; la vigilance s’impose donc avec les anti-IL-17 qui favorisent probablement la désagrégation de certaines plaques d’athérome.
Petites molécules.
À part les traitements biologiques, dans la famille des petites molécules, dont certaines sont administrables par voie orale (à la différence des traitements biologiques), l’apremilast et le tofacitinib sont des inhibiteurs de voies importantes pour l’activation des réactions inflammatoires intracellulaires. Ainsi, l’apremilast est un inhibiteur de la phosphodiestérase 4. Il agit en modulant la production de nombreux médiateurs pro- et anti-inflammatoires intracellulaires. Il a montré son efficacité dans le traitement du psoriasis en plaques dans une étude de phase II (6). Le tofacitinib, quant à lui, est un inhibiteur de la voie des JAK (Janus kinase, protéine de type tyrosine kinase), qui intervient dans la production de cytokines et qui a montré son efficacité clinique chez des patients présentant un psoriasis à plaques modéré à sévère (7). Les profils de tolérance, qui semblent prometteurs, ne pourront être réellement évalués qu’au vu des résultats d’études à long terme. Le développement de tous ces traitements ciblés démontre une fois encore que les traitements adaptés aux différentes formes de la maladie ne sont plus une utopie.
D’après un entretien avec le Pr Marie-Aleth Richard (service de dermatologie, hôpital de la Timone, Marseille).
(1) Elder JT et coll. Molecular dissection of psoriasis: integrating;genetics and biology. J Invest Dermatol 2010;130:1213-26.
(2) Gerolomoni G. Psoriasis: rationale for targeting interleukin-17. BJD 2012 167:717-24.
(3) Rich P et coll. Br J Dermatol. 2012 Sep 29.
(4) Leonardi C et coll. N Engl J Med. 2012;366:1190-9.
(5) Papp K et coll. N Engl J Med. 2012;366:1181-9.
(6) Papp K. Efficacy of apremilast in the treatment of moderate to severe psoriasis: a randomised controlled trial. Lancet 2012 Aug 25;380(9843):738-46.
(7) Papp K. Efficacy and safety of tofacitinib, an oral Janus kinase inhibitor, in the treatment of psoriasis: a Phase 2b randomized placebo-controlled dose-ranging study. Br J Dermatol 2012 Sep;167(3):668-77.
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