Les termes de « trouble auditif central » (TAC) ou de « surdité verbale » sont maintenant remplacés par celui de « troubles du traitement auditif » ou TTA. Probablement sous-estimés, les TTA concerneraient de 2 à 7 % des enfants – de 2 à 3 fois plus de garçons que de filles –, mais jusqu’à 40 % de ceux souffrant de troubles d’apprentissage et jusqu’à 70 % des personnes âgées. Chez l’enfant, ils peuvent avoir des répercussions importantes sur les apprentissages et les fonctions de communication.
Entendre et surtout comprendre nécessite l’intégrité à la fois de l’appareil auditif périphérique et des processus auditifs centraux que le seul audiogramme tonal ne permet pas d’évaluer. Les personnes atteintes de TTA entendent les messages verbaux, mais éprouvent des difficultés plus ou moins importantes à les interpréter, les organiser et les mémoriser, difficultés d’autant plus grandes que la parole est rapide ou en milieu bruyant. L’enfant atteint de TTA peut connaître des troubles de l’apprentissage liés à son incapacité à déchiffrer le sens des messages.
Des comorbidités importantes
« Trois symptômes sont importants à reconnaître : les difficultés à la compréhension et à la discrimination (confusion entre des mots phonétiquement proches), les difficultés attentionnelles dans le bruit, et l’hyperacousie. Il faut aussi savoir évoquer des TTA devant des difficultés scolaires, langagières ou cognitives », explique le Pr Hung Thai-Van de Lyon. En effet, il existe une corrélation très forte entre TTA et troubles du neurodéveloppement (dyslexie, dysphasie, troubles déficitaires de l’attention ou même troubles du spectre autistique), qui sont autant de facteurs de risque de TTA, de même que des pathologies ORL (otites chroniques, infections rhinopharyngées récidivantes), des pathologies neurologiques génétiques ou acquises (tumeur, AVC, traumatisme, SEP…) et enfin l’avancée en âge, avec un chevauchement entre presbyacousie et troubles centraux de l’audition.
Pour le diagnostic, il faut retenir au moins trois critères : des seuils auditifs normaux (inférieurs ou égaux à 15 dB) pour toutes les fréquences sur les deux oreilles, un QI non verbal préservé supérieur à 80, mais des tests d’audition centrale (effectués par un audiologiste expérimenté) perturbés.
La prise en charge repose sur l’approche des comorbidités, le recours à des systèmes d’aides à l’écoute améliorant le rapport signal sur bruit. De plus en plus, on voit émerger des mesures d’entraînement auditif en présentiel, ou à distance sous forme de serious game. Les techniques de remédiation audiovisuelles vont renforcer l’attention et l’observance. Un plan d’aide personnalisé à l’école pour troubles des apprentissages doit être mis en place. « On peut regretter que peu d’équipes européennes se soient spécialisées dans les troubles centraux de l’audition, une pathologie qui n’est pas rare, et lourde de conséquences chez l’enfant », déplore l’ORL.
Communication du Pr Hung Thai-Van (hôpital Édouard-Herriot, Lyon)
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