L’enfant qui ronfle

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Publié le 27/03/2025
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Les troubles respiratoires du sommeil sont fréquents chez l’enfant, et le plus souvent secondaires à une hypertrophie adéno-amygdalienne. L’examen diagnostique du sommeil n’est pas toujours nécessaire à la prise en charge.

Le plus souvent, les amygdales sont en cause

Le plus souvent, les amygdales sont en cause
Crédit photo : PHANIE

La Société française de recherche et médecine du sommeil vient de publier un consensus d’experts (1) sur le trouble respiratoire obstructif du sommeil de type 1 (Tros1) qui se retrouve, le plus souvent, chez le jeune enfant non obèse, sans comorbidité associée, présentant un obstacle ORL.

Les troubles respiratoires obstructifs du sommeil regroupent différentes entités cliniques, formant un continuum allant des ronflements simples ou primaires (10 % de la population pédiatrique) au syndrome d’apnées obstructives du sommeil (SAOS), qui peut concerner de 1 à 4 % des enfants.

Plusieurs signes d’alerte

Un interrogatoire précis est indispensable à la démarche diagnostique. Les ronflements restent un symptôme majeur pour suspecter un Tros1.

Ils sont pathologiques s’ils sont constants (> 3 nuits par semaine), sonores (perceptibles porte fermée) et réguliers (présents depuis plus de 3 mois). Les autres symptômes nocturnes majeurs sont les apnées et les reprises inspiratoires bruyantes. À cela s’ajoutent des symptômes diurnes : troubles du comportement, troubles de l’attention, etc.

Une enquête allergologique et un bilan à la recherche d’une carence martiale sont recommandés. Mais surtout, en premier lieu, un examen oto-rhino-laryngologique spécialisé, avec nasofibroscopie, est nécessaire. La radiographie du cavum n’a aucune indication dans ce contexte.

Examen du sommeil : dans quel cas ?

En cas d’hypertrophie isolée des végétations responsables d’une symptomatologie clinique, il est recommandé de ne pas réaliser d’examen du sommeil. De même, en cas d’hypertrophie importante des amygdales (grade 3 ou 4 de la classification de Brodsky) et si, à l’interrogatoire, au moins deux signes cliniques nocturnes majeurs sont retrouvés, quelle que soit la symptomatologie diurne, il n’est pas recommandé de faire un examen du sommeil chez l’enfant de plus de 2 ans sans comorbidité.

En revanche, si les tissus lymphoïdes ne sont pas hypertrophiés, ou modérément (grade 1 ou 2), il est recommandé de réaliser un examen du sommeil.

La polysomnographie (PSG) en milieu hospitalier reste l’examen de référence mais la PSG ambulatoire ou la polygraphie ventilatoire (PGV) sont utilisables, sous couvert d’un enregistrement de bonne qualité. Il doit comporter au moins six heures de sommeil (et 20 % de sommeil paradoxal, en cas de PSG).

Un suivi pluridisciplinaire

La prise en charge thérapeutique doit être individualisée selon les sites obstructifs. Elle repose, le plus souvent, sur une chirurgie ORL (la cause principale des Tros1 chez l’enfant étant l’hypertrophie des tissus lymphoïdes), mais également, selon les constatations cliniques, sur un traitement orthodontique, associé généralement à une rééducation spécialisée oro-maxillo-faciale.

En l’absence d’hypertrophie importante des amygdales et dans le cas de Tros léger, un traitement médicamenteux – outre le traitement spécifique d’une allergie et le contrôle pondéral – peut être proposé : hygiène nasale, corticoïdes nasaux, antihistaminiques de 2e génération par voie générale, seuls ou en association avec le montékulast. Aucun de ces médicaments n’a d’AMM dans cette indication.

Quelle que soit la prise en charge, le suivi doit être continu et multidisciplinaire, intégré dans un réseau de spécialistes formés aux Tros de l’enfant.

Session « Pneumologie, les dernières recommandations : troubles obstructifs du sommeil de type 1 chez l’enfant »
(1) Aubertin G et al. Médecine du sommeil 2023(20)203-12


Source : Le Quotidien du Médecin