LE SYNDROME ORAL aussi appelé syndrome de Lessof est un ensemble de symptômes (prurit, œdème des lèvres) provoqués par exposition de la muqueuse oropharyngée à des allergènes alimentaire (essentiellement d’origine végétale).
Souvent ces réactions ne nécessitent pas de traitement médicamenteux et elles disparaissent rapidement. Mais, il peut y avoir aussi des 10 % des signes généraux et un choc anaphylactique (1,7 % des cas). Les fruits et légumes crus (pomme, pêche, fruits à coque, céleri…) sont les plus impliqués. Il est fréquemment associé à une pollinose (allergie au pollen de bouleau ou d’armoise). L’allergène le plus souvent en cause est une protéine Bet v1-like, sensible à la chaleur ce qui explique pourquoi les fruits et légumes en question sont souvent bien tolérés une fois cuits.
En allergologie alimentaire, le traitement préventif repose sur l’éviction de l’allergène, mais dans les syndromes oraux un régime d’éviction n’est pas toujours préconisé du fait de l’absence de sévérité des réactions. De plus, il n’existe pas de recommandations pour la prise en charge et les pratiques sont très variables. Une étude (1) a montré que 10 % des allergologues ne préconisent aucun régime, 38 % font une éviction au cas par cas et 52 % préconisent une éviction stricte.
Avant d’autoriser à ne pas faire de régime d’éviction, on doit se poser plusieurs questions, notamment se demander s’il n’y a pas de signe d’une réaction allergique plus généralisée, dans le cas de réactions sévères au-delà de la cavité buccale. Toutefois, la sévérité d’une réaction allergique n’est pas prédite par la gravité de la réaction précédente. Il n’existe pas, en dehors de la clinique, de test prédictif du risque (faible) d’anaphylaxie en cas de syndrome oral isolé. De nombreux cofacteurs peuvent également aggraver la réaction allergique : présence d’un asthme, ingestion d’alcool, pratique d’un sport, prise concomitante de médicaments (aspirine, AINS), la saison pollinique, la maturité des fruits (2)… Il est donc important de prévenir le patient d’éviter ces cofacteurs. Quoi qu’il en soit, on observe que devant ces réactions désagréables et anxiogènes parfois, le patient de lui-même évite les aliments ayant entraîné un syndrome oral. Il ne mange pas les fruits et légumes crus et il peut être difficile de le persuader qu’il peut les ingérer cuits. Un régime d’éviction strict ne ferait qu’altérer la qualité de vie du patient.
D’après les communications du Dr Anne Broue-Chabert (Toulouse) et du Dr Étienne Bidat (Paris).
(1) Ma S et al. A survey on the management of pollen-food allergy syndrome in allergy practices. J Allergy Clin Immunol 2003;112:784-8.
(2) Dutau G et al. Facteurs de risque de l’allergie alimentaire sévère. Allerg Immunol Clin 2007(47):102-9.
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