L’AMYGDALECTOMIE est l’une des interventions les plus pratiquées chez l’enfant, parfois associée à l’adénoïdectomie. On observe cependant une nette diminution des opérations sur les 15 dernières années.
Il existe des arguments en faveur de cette intervention, notamment le fait qu’elle ne semble pas entraîner de dégradation de l’état allergique. En effet, parce que les amygdales produisent des anticorps et des globules blancs, on a longtemps pensé que les enlever favorisait l’apparition ou l’aggravation de problèmes allergiques. Or, aucun lien de cause à effet n’a été mis en évidence (1). Un terrain allergique et/ou un asthme préexistant ne constituent pas non plus une contre-indication. Par ailleurs, certaines études ont montré une amélioration des fonctions respiratoires chez l’enfant asthmatique avec une diminution du nombre d’hospitalisations et de prises médicamenteuses et une amélioration des tests (2). Une autre étude (3) conduite chez des enfants présentant un syndrome d’apnée du sommeil et un asthme mal contrôlé a montré, après chirurgie, une disparition du SAOS et une amélioration du contrôle de l’asthme. Néanmoins, le niveau de preuve reste faible.
De même, l’analyse de la littérature ne montre pas toujours des résultats aussi probants. Une méta-analyse ayant retenu 14 études randomisées (n = 2 712) a analysé les effets de l’adénoïdectomie avec pose unilatérale d’aérateur sur la survenue d’otites : les résultats montrent une efficacité significative, mais très légère, sur les otites séreuses moyennes (OSM ‹ 5 dB) et aucun bénéfice sur la réduction des otites moyennes aiguës (OMA).
La corticothérapie locale semble aussi efficace que l’ablation et il faut commencer par la proposer dans un premier temps pendant 3 mois, on gagne ainsi un hiver, le problème de la corticothérapie locale restant toutefois l’observance… et les parents préfèrent souvent l’opération. « En conclusion, certaines indications ne sont pas (encore) réellement évaluées et des interventions excessives sont probables. De plus, il ne faut pas oublier la morbidité (risques de saignements, douleur). Les complications graves restent exceptionnelles » a déclaré le Dr Olivier Malard (Nantes).
D’après les communications du Dr Olivier Choussy (Rouen) et du Dr Olivier Malard (Nantes).
(1) Van Hattum et al. Clin Exp Allergy 2006;Jan;36(1):40-3.
(2) Busino et al. Laryngoscope Suppl, 2010.
(3) Kheirandish et al. Afr. J. Pharm. Pharmacol, 2011;5:648-53.
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