LES MÉCANISMES du stress ont été bien étudiés dans des modèles expérimentaux (1). Le lien entre système nerveux central et le système immunitaire est assuré par l’axe endocrinien hypothalamohypophysaire et surrénalien (HHS) ainsi que par le système nerveux autonome (noradrénergique et parasympathique cholinergique). Dans les situations de stress chronique, les hormones libérées et des neuropeptides conduisent à des changements immunitaires et à un déséquilibre vers la réponse cellulaire lymphocytaire pro-allergique de type Th2. L’activation de l’axe HHS, avec la sécrétion de glucocorticoïdes et de l’adrénaline va réduire celle de l’interleukine 12 (IL-12), plutôt pro-Th1, et augmente les cytokines pro-Th2 (IL-4, IL-10, IL-13). Ces cytokines agissent directement dans l’activation des cellules effectrices, dont les mastocytes sur les organes cibles, notamment la peau (2).
À très court terme, le stress peut modifier les réponses immunitaires immédiates et retardées : des patients allergiques ont vu la taille de leurs tests cutanés augmenter quelques heures après des stimulations stressantes (3).
Déclencheur précoce de l’allergie dans l’enfance.
Une étude de Wright en 2004 a inclus près de 500 enfants ayant des antécédents familiaux d’atopie, recrutés dans les 48 heures suivant la naissance, dans le but d’examiner l’influence du stress maternel durant les 2 à 3 premiers mois de vie sur la réponse immunitaire des nourrissons. Les résultats ont montré que ce stress maternel précoce allait être associé à une augmentation de l’expression des IgE totales et à une réponse proliférative spécifique des allergènes par les lymphocytes et à des modifications des concentrations des cytokines (TNF-α) avec une diminution de l’IFN-γ plus tard chez les enfants à l’âge de 2-3 ans.
Les activités relaxantes : une arme contre les allergies.
L’équipe japonaise de Kimata a réussi à montrer que les activités relaxantes pour des durées de 30 minutes environ, comme écouter de la musique classique ou des expériences agréables comme les baisers ou le rire, peuvent modifier le comportement des cellules immunitaires de patients allergiques lors de l’incubation de cellules avec l’allergène auquel ils sont sensibilisés, avec une conversion de la réponse de type Th2 vers le Th1, ainsi qu’induire une diminution des prick-tests cutanés à l’allergène. Ces mêmes auteurs ont décrit la situation inverse dans laquelle les patients atteints de dermatite atopique soumis à des situations stressantes (jeux vidéo de combat pendant 2 heures ou des appels téléphoniques répétés pendant 30 minutes) observent une augmentation de la réponse aux prick-tests, de l’activité des cytokines Th2 et des neuropeptides.
Le stress peut aussi entraver l’action des traitements anti-allergiques. De plus, la maladie allergique va, à son tour, aggraver l’état de stress chronique (meta-analyse de Chida, 2008).
Il est donc capital de prendre en charge cette notion de stress sur tous les modes de traitement de la maladie allergique.
D’après la communication du Dr Nhan Pham-Thi (Paris).
(1) Sutherland, 2009.
(2) Suarez, 2012.
(3) Kiecolt-Glaser, 2008.
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